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La Cité Verte Saint-Sacrement ; le Québec entre dans l'ère des Éco-quartiers 

Fortement publicisée depuis au moins quatre ans, la Cité Verte de Saint-Sacrement, un projet d’éco-quartier lancé de concert par la SSQ, le Mouvement Desjardins et la Ville de Québec à des grandes attentes à remplir. Premier projet immobilier et commercial auquel est donné le titre d’Éco-quartier dans la province, celui-ci ce veut un exemple  pour les futurs projets de développement dans l’ensemble du territoire québécois. Quoi que complètement novateur quant à notre expérience provinciale, le concept d’éco-quartier fait ses armes en Europe depuis le tournant des années 1960. Notion en pleine mutation, étudiée et critiquée par des multiples auteurs, l’éco-quartier est rare et peu connut dans l’expérience socio-économique, politique et technologique de notre territoire.



Selon Benoît Boutaud, ingénieur de recherche à l’European Institute For Energy Research la conception d’éco-quartier, doit comporter une multitude de principes afin de bénéficier de cette appellation : une position centrale dans l’agglomération, une ouverture sur le reste de la ville, une échelle suffisante pour être qualifiée de quartier, une identité palpable, une réduction de la place de l’automobile, une efficacité énergétique et une mixité sociale et fonctionnelle. ( Boutaud, 2009 ). Il serait aussi nécessaire d’ajouter que ces projets souvent coûteux, un estimé 300 million pour la Cité Verte, doivent venir avec une forte volonté politique afin de véhiculés les idées et de les faire acceptées du grand public. Cependant, certains critique soulignent que l’optimisme généré par cette nouvelle forme d’urbanisation ne viens pas sans ses torts auxquelles la Cité Verte ne peut échapper. Les externalités négatives, autant environnementales que socio-économiques et politique sont une réalité des projets d’éco-quartiers et il en convient aussi d’en discuter pour ce projet vedette. Ce travail à donc pour but de faire à la fois une synthèse des initiatives prévues pour la complétion du projet de la Cité Verte Saint-Sacrement mais aussi de poser un regard critique sur celles-ci dans l’optique de l’expertise qui nous est fournit par les expériences européennes.





La Cité verte fait figure de projet pilote dans une série de trois éco-quartiers planifiés par la Ville de Québec. Celui-ci à la chance de profiter, de part sa nouveauté, d’une volonté politique sans pareil. Ce projet ambitieux porter par des acteurs de taille aura une facture de plus de 300 millions de dollars. Suscitant l’intérêt des instances politiques et des partenaires corporatifs, la cité Verte, tout d’abord lancer par la SSQ en étroite collaboration avec la Ville de Québec s’est vu accorder une subvention de 27,7$ millions par le gouvernement libéral et Hydro-Québec. Le projet à aussi reçut une autre subvention de plus de 5 millions de dollars de la part du Fond Canadien des Énergies Propres. Selon un article parut dans le Soleil le 16 décembre 2009 : « Le ministre des Affaire Municipales, Laurent Lessard, dit vouloir envoyer un message aux autres municipalités qui tardent pour l’instant à emboîter le pas à la Capitale»



Quelques 800 unités d’habitations, pour une concentration de 84 logement par hectare,  sont prévues sur le site de l’ancienne crêche des Soeur du Bon Pasteur situé sur le chemin Ste-Foy. 666 unités de condos, 35 unités de logement abordable et 24 maisons de villes sont planifiés pour le site, la phase un des condomiums étant déjà vendut à 75%. Le plan du quartier prévoit aussi des équipements publics disponibles à tous tels qu’une piscine, une salle d’entrainement et un jardin communautaire. De plus, une totalité de 68 unités seront réservées à des fins commerciales ou de bureaux et un édifice sera allouer pour la gestion des déchets.



La densification fait partie des objectifs clés du projet et selon les plans de la SSQ, l’emprise des bâtiments ne devrait pas compter pour plus de 40% de la superficie du site. L’emprise des rues à aussi été réduite à un minimum de neuf mètres. Finalement 36% de la superficie du site seras dédier à des espaces végétalisés. L’emprise des rues à été planifiée pour atteindre son minimum soit neuf mètres.




«Pour SSQ Groupe financier, il est primordial de réaliser ce projet phare tout en protégeant l’environnement et en maximisant les retombées positives. À titre d’exemple, les technologies utilisées à la Cité Verte permettent de diminuer la consommation d’eau et d’énergie. Elles réduisent également les rejets vers les centres de traitement des eaux usées et limitent les émissions de gaz nocifs. » (site promotionnel de la Cité Verte, 2012) Gestion énergétique, gestion efficace de l’eau, gestion des déchets et des transports font partis des piliers du projet.
Beaucoup d’attention est porter vers la bonne gestion de l’eau du site. Dans sa plus simple manifestation elle est illustrée par l’utilisation d’appareils domestiques à faible consommation; toilettes à double chasse, robinets à débit réduit, pomme de douche a débit très faible. Les condominiums et maisons de ville seront aussi équiper d’appareils ménagers Energy Star ou Ecologo. Au delà des usages domestiques, les promoteurs mettent de l’avant des techniques qu’ils qualifient d’avant-garde tel que l’utilisation des Bioswales en bordure de rue pour minimiser les rejets vers les usines d’épuration.


De plus, le drainage aménagé sera utiliser pour retenir et stocker les eaux de pluies qui seront possiblement réutiliser sur le site pour l’entretien des espaces verts et le nettoyage des rues.
Concernant la gestion énergétique, les administrateurs et architectes se sont tourner vers les systèmes utilisant la biomasse, dans le cas ici plus précis les résidus de transformation du bois. Cette énergie devra être produite sur le site et sera redistribué grâce à un réseau sous-terrain mais comptera tout de même sur un système d’appoint au biodiesel ou au gaz naturel. Les unités d’habitations sont sujettes à un traitement architectural misant particulièrement sur l’ensoleillement et les gains solaires possibles par l’utilisation des balcons et de panneaux solaires comme appoint.  Un souci particulier est porter à la climatisation naturelle, la ventilation et la résistance thermique des bâtiments, cette dernière devant répondre aux critères Novoclimat du gouvernement provincial.


Afin de minimiser la circulation automobile et routière dans le quartier les déchets seront traités par un système de collecte pneumatique utilisant des conduites souterraines et dont tout le fonctionnement est automatisé. De plus, les promoteurs souhaitent promouvoir les modes de transports alternatifs en offrant sur place des vélos en libre-service, le service commun-auto et une station d’autobus chauffée. Afin de réduire l’impact automobile à son minimum, la largeur des rues à été mise à son minimum de neuf mètres, les limites de vitesses elles aussi baissées à leur minimum et la plus grande majorité des stationnements mis en sous-sols tempérés afin d’éviter les mises en marches prolongés durant la saison hivernale. Les promoteurs considèrent même installer des bornes de recharge pour les voitures électriques.
Finalement, les créateurs du projet souhaite créer un cadre de sensibilisation citoyenne : « Un système de communication numérique informe les résidents sur leur performance à l’égard de l’environnement. Un lien internet les renseigne, via un module de contrôle installé dans chaque logement, sur l’importance des volumes acheminés au centre de traitement des déchets, sur la consommation d’énergie, d’eau et sur des mesures à prendre collectivement pour améliorer la performance générale de la Cité Verte.


La Cité-Verte, un urbanisme virtueux ayant ses fautes





Au-delà de l’engouement provoqué par ce projet avant-gardiste pour le Québec,  il faut prendre en compte les autres expériences dans le domaine des éco-quartiers ayant cours depuis près de quarante ans en Europe. En prenant compte des critiques soulevées par plusieurs auteurs il est possible de discerner des problèmes soulevés par les éco-quartiers. Même avant la complétion de la Cité-Verte certaines problématiques semblent poindre. Mit de l’avant par d’une équipe d’ingénieurs et d’architectes enthousiastes, l’aspect technologique et architectural du projet en ce qui concerne l’efficacité énergétique et la bonne gestion des ressources semble à la fine pointe de la technologie, pour la ville de Québec du moins. Les problèmes potentiels tiennent plutôt de l’intangible, du contexte socio-économique et politique. Dans leur article Les éco-quartiers; laboratoire de la ville durable, changement de paradigme réel ou éternel retour du même, les auteurs Yves Bonard et Laurent Matthey souligne plusieurs des lacunes et des problèmes les plus récurants au fonctionnement des éco-quartiers. Au-delà des prouesses techniques, l’intangible du quartier comme la volonté politique, la participation et l’éducation citoyenne font souvent défauts.



Une volonté politique et une participation citoyenne ambivalente.



«la Ville de Québec exprime le souhait de moderniser sa politique de consultation publique afin de rapprocher les élus de la population et de faciliter la participation citoyenne à la vie municipale. Ainsi, elle désire simplifier le fonctionnement administratif des conseils de quartier et modifier les limites de leur territoire en plus de réviser certains éléments de la politique de consultation publique.»
- Extrait du procès-verbal de la neuvième rencontre régulière de l’année 2011 du conseil de quartier de Saint-Sacrement, tenue le 5 octobre 2011



Tels qu’illustré ci-haut les intentions du conseil de quartier Saint-Sacrement et de la Ville de Québec sont claires. Travailler de concert, afin de rapprocher les élus du citoyens. Cependant ce rapprochement semble souvent inégal lorsqu’il en vient à la Cité Verte. Dans les plans de la ville depuis bien des années, le projet avait suscité certaines craintes chez les résidents du quartiers dont 269 avait signé une pétition pour la tenue d’un référendum. Cette demande fut tout de même contourner par l’utilisation de la clause 74,4 de la charte de la ville afin de faire démarrer le projet. À ce sujet le maire Labeaume s’exprima ainsi :

« Les élus ont décidé qu'il était dans l'intérêt collectif de couper court au processus consultatif et de permettre aux promoteurs, la Société SSQ et le Mouvement Desjardins, d'aller de l'avant. «Je ne laisserai pas à quelques centaines de personnes la possibilité d'arrêter un projet de 300 M$», a mentionné le maire de Québec, Régis Labeaume. Peu de projets ont fait l'objet d'autant de consultations, a renchéri le conseiller municipal, Yvon Bussières.»



Donc d’une main, la Ville de Québec fait la promotion d’une coopération entre les citoyens et les forces décisionnelles. Toutefois, l’approche reste essentiellement top-down puisque les élus peuvent décider de façon relativement arbitraire de contourner le processus consultatif. Bonard et Matthey explique que les plus faibles, nottament les moins nantis ont tendance à rester invisibles et que les participatifs tels les propriétaires et les promoteurs sont souvent ceux qui ont le plus a gagner. Mais il n’y a pas que le processus participartif qui créer un clivage marqué dans le projet de la Cité Verte





Une mixité socio-économique fantôme.





La documentation officielle offerte sur le site de la SSQ mentionne rapidement la nécessité d’une mixité sociale afin de créer un véritable éco-quartier. Ce critère fait partie aussi des propos de Boutaud, Matthey et Bonnard qui stipule qu’un quartier écoresponsable ou un éco-quartier doit remplir des dimensions sociales importantes comme la mixité sociale et l’éducation citoyenne. À ce sujet, les promoteurs de la Cité expliquent : « Au point de vue économique et social, une partie de la Cité Verte a été réservée pour l’aménagement d’une quarantaine d’habitations à loyer modique dans un désir de tout mettre en place pour favoriser une mixité sociale. Ce projet sera construit, géré et administré par l’Office municipal d’habitation de Québec» Ce nombre se limite à 45 , encore estimés puisqu’ils ne sont pas construit à ce jour. De plus, la ville de Québec, à l’instar de la ville de Montréal ne possède pas de politique sur le logement abordable, une proposition qui avait été fortement contester par l’équipe Labeaume au début de l’année 2012. Sur le plan du site de construction, on y réfère d’ailleurs par le terme logement abordable, un concept bien différent du logement social. À l’instar du logement social, le logement abordable ne fait pas office de logement pour les gens à revenus modestes mais fait plutôt figure de prix abordables selon les prix offerts aux environs. Donc dans un environnement qui compte dénombrer plus de 650 condominium aux prix de départ de 230 000 $ et 24 maisons de villes débutant à la somme de 475 000$, abordable prend un sens tout autre. Finalement, il est bien mentionner que le logement ne sera pas construit par le promoteur mais bien l’Office Municipal d’habitation de Québec. Il n’est donc pas dit que les gens habitant cet édifice jouiront des aménités de leurs voisins, ils partageront dans tous les cas le même ilot.

  De surcroît, la volonté politique diffère du discours officiel des promoteurs. Interrogés au sujet de la future clientèle de la Cité verte, le président de la filliale immobilière de la SSQ, Jean Morency, stipule viser les baby-boomers. Celui-ci espère d’ailleurs qu’en attirant les Baby-Boomers vers la Cité-Verte, ceux-ci libéreront leurs maisons dans les environs du quartier Saint-Sacrement pour laisser la chance aux familles de banlieue de pouvoir venir s’installer dans les quartiers centraux. «Reste que le promoteur rêve à voix haute de voir se produire le même phénomène qu'à l'éco-quartier d'Hammarby, en Suède. Développé pour les retraités, celui-ci a finalement attiré de jeunes familles.» ( Normandin, Le Soleil, 2009 ) Il va sans dire qu’il y a ici un manque de cohérence au niveau des désirs des élus et des promoteurs, si ce n’est que du simple fait que le revenu médian des baby-boomers en moyens de s’installer à la Cité-Verte surpasse de loin le revenu médian des jeunes familles habitant dans les couronnes de Québec.





Un écologisme insulaire





Plus que la gentrification, les éco-quartiers produisent enfin leur lot d’externalités négatives. Cyria Emelianoff dans son article La Ville Durable: L’Hypothèse D’un Tournant Urbanistique en Europe explique : « Il n’est plus possible de concevoir les villes comme des ilots pensés et gérés indépendamment de l’évolution globale de l’écoumène et des interactions entre échelles spatiales et temporelles, de plus en plus nombreuses. Les coûts exportés sur la vie ou la qualité de vies des «autres» dans l’espace et le temps, sont bien au centre du défi de durabilité urbaine.» ( Emelianoff,  2007 )  Alors que les citoyens de la Cité Verte auront leurs déchets disposés par des appareils hautement sophistiqués et leur quartier peu achalandé par la circulation automobile, seront-ils nécessairement plus éco-responsables ? Le dispositif électronique générant des informations sur leur consommation sera-t-il suffisant pour encourager un comportement plus durable. L’environnement physique n’a pas de préscéance, sur la consommation d’eau et d’énergie qui sont largement tributaires de variables culturelles et comportementales ( Emelianoff, 2007 ) 



Donc, il est nécessaire de se demander, au delà des ajustements techniques et technologiques proposer à la Cité-Verte, peut-elle être dûment qualifié d’éco-quartier ? Elle répond tout d’abord aux demandes physico-spatiales de l’implantation d’un tel projet, centralité, proximité des services et des centres de travail, densité, réduction des impacts écologiques à l’intérieur du site. Mais quand est-il de son rayonnement à l’échelle de la ville et la province. Est-ce pour la ville de Québec un véritable avancement vers la durabilité ou seulement l’opportunité politique saisit ? « Au niveau local, les divergences d’approches peuvent révéler des niveaux d’exigences différents en matière de durabilité, sur un curseur qui oppose, à deux extrémités, une simple modernisation environnementale des villes à une inflexion des trajectoires de développement, axée non seulement sur l’urbanisme mais sur la diversification économique, l’évolution des modes de vie, la reprise en main par les habitants de leur environnement ou l’action en faveur des plus démunis» ( Emelianoff, p. 56 ) Les instances municipale seront-elles capables de rejouer cette carte, de retrouver ce type de financement lorsque le projet sera accomplit et le feront-on en pièce par pièce pour des clientèles privilégiés. Ces questions n’auront de réponses que dans quelques années.

 

 

 


Bibliographie

Benoît Boutaud, « Quartier durable ou éco-quartier ? », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Débats, Quartier durable ou éco-quartier ?, mis en ligne le 24 septembre 2009, consulté le 10 octobre 2012.

Cyria Emelianoff, « La Ville Durable : L’Hypothèse d’un Tournant Urbanistique En Europe», L’Information Géographique, 2007/3 Vol. 71, p.48-65

Yves Bonard et Laurent Matthey, « Les éco-quartiers : laboratoires de la ville durable.» Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Débats, Quartier durable ou éco-quartier ?, mis en ligne le 09 juillet 2010, consulté le 5 octobre 2012.

Steve Melia, Graham Parkhurst, Hugh Barton, «The paradox of intensification» Transport Policy, Elsevier, mis en ligne le 1er juillet 2010, consulté le 1er octobre 2012

Pierre-André Normandin, « Une tour de 24 étages dans les plans de la Cité Verte», Le Soleil, 17 février 2010

Lise Fournier, « Une cité verte en primeur à Québec», Le Soleil, 7 mars 2009

Extrait du procès-verbal de la neuvième rencontre régulière de
l’année 2011 du conseil de quartier de Saint-Sacrement, tenue le 5
octobre 2011 à 19hrs au Centre des loisirs Saint-Sacrement situé au

1360, boulevard de l’Entente.

Un projet vedette 

La technologie au plan central 

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