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​HafenCity constitue un projet de rénovation urbaine à très grande échelle sur l’ancien port de la ville d’Hambourg. Dû à la dimension du projet, l’ensemble a été divisé par les autorités en 10 quartiers qui, en plus d’un aspect fonctionnel, donne place aux étapes de développement. Ceci étant dit, une analyse urbaine inspirée de celle de Bentley a été effectuée sur les deux premiers quartiers qui sont maintenant terminés et occupés : Am Sandtorkai/Dalmankai et Am Sandtorpark/Grasbrook.

Ces deux secteurs comportent des qualités spatiales suffisamment solides et variés pour être l’objet d’une analyse formelle. De  plus, ils donnent un aperçu préliminaire de ce que la compagnie de développement envisage pour le reste de l’ensemble. Une telle analyse se veut d’autant plus pertinente dans l’optique où le reste de HafenCity pourra être soumis de façon itérative à la révision du master plan, afin d’adapter les façons de faire à la lumière des observations sur les secteurs construits.

Analyse urbaine

Dans HafenCity, l’omniprésence de l’eau et la forme irrégulière du littoral, héritée du passé portuaire des lieux, sont des éléments qui peuvent faire obstacle aux usagers. Quelques secteurs, dont Am Santorkai/Dalmankai n’offrent que des parcours parallèles à différents niveaux qui vont tous dans la même direction, sans nécessairement communiquer entre eux.

 

 

Perméabilité

Deux secteurs d'étude : Sandtorkai/Dalmankai & Sandtorpark/Grasbrook

Le concept de perméabilité réfère à l’accessibilité des lieux, ainsi qu’à la manière dont la configuration des espaces publics puisse favoriser la flexibilité des parcours empruntés. Ainsi, la connectivité des espaces et la multiplicité des parcours sont des éléments essentiels à une bonne perméabilité.

En ce qui concerne la perméabilité transversale, la taille du bâti et le statut (public/privé) entre ceux-ci est importante. Règle générale, plus un bâtiment ou îlot est grand, moins l’ensemble est perméable.

Dans Am Santorkai/Dalmankai par exemple, le front bâti est discontinu et les ensembles sont compartimentés; des liens piétons facilitent la perméabilité entre la rue et les espaces publics derrière les bâtiments, près de l’eau. Si certains de ces liens sont accueillants et aménagés pour une accessibilité universelle (image à gauche en haut), d’autres prennent la forme de simples volées de marches incrustrées dans un mur (images en contrebas). De tels murs délimitent lourdement les promenades près de l’eau des ensembles résidentiels, créant ainsi des espaces peu invitants.

 

D’un autre côté, ces grandes ouvertures occasionnées par cette omniprésence de l’eau et la présence de points de repères au bout des parcours favorisent justement une meilleure perméabilité visuelle.

 

 

Une simple volée de marches donne accès vers la rue

De plus, les cœurs d’îlots constituent des espaces collectifs privés – que Bentley appelle « perimeter block development », empêchant la traversée d’un usager non-résidant. Concernant les bâtiments ayant d’autres usages que le résidentiel, ils offrent d’autres morphologies et façons adaptées de coloniser les îlots.

 

Bref, il est clair que les limites de la perméabilité résident sur le besoin d’intimité et la volonté de différencier les espaces publics des espaces privés pour mener à bien différentes activités, ce qui est habituellement souhaitable. Ceci est un point positif à HafenCity, où dans les secteurs analysés ci-haut on retrouve différents types d’espaces publics clairement définis.

Notons la présence d’espaces publics ouverts qui se matérialisent en tant que places, parcs, allées, et chemins et qui se situent à différents niveaux au-dessus des eaux. Ceux-ci représentent en fait 22% de la superficie totale du projet. Les espaces semi-privés d’accès public (généralement autour des îlots et des équipements) et les espaces privées avec accès seulement pour les résidents (souvent au cœur des îlots) représentent une proportion bien moindre de la superficie.

Lisibilité

La lisibilité en design urbain fait référence à la possibilité pour usagers de se repérer et de s’orienter sur un site, bref de comprendre l’environnement dans lequel il se trouve. Cet élément d’analyse est fortement lié à l’imagibilité d’un lieu et de la méthode de lecture de la ville proposée par Kevin Lynch. Dans son ouvrage intitulé « Image de la ville », Kevin Lynch décrit cinq grands éléments structurants de composition urbaine qui peuvent aider à évaluer la lisibilité d’un ensemble : les secteurs, les limites, les nœuds,  les voies, et les points de repères.

À HafenCity, la morphologie du site et la spécificité propre à chacun des secteurs en fait un ensemble urbain cohérent et lisible. De plus, les nombreux quais et canaux délimitent clairement les différents secteurs. En outre, un réseau de places publiques et de parcs structure le tissu urbain et font office de nœuds, à la convergence de plusieurs axes, notamment dans le secteur Grosser Grasbrook.

 

D’un autre côté, certains aspects que Bentley catégorise comme étant des inhibiteurs de la lisibilité sont présentes à HafenCity. Au long du parcours Am Kaiserkai, malgré la diversité de l’expression architecturale, la séquence de formes bâties et de vides peut s’avérer très répétitive, de sorte qu’il puisse être difficile de se repérer le long de cet axe. Dans ce cas-ci, quelques éléments seraient désirables pour diminuer la monotonie visuelle de ce secteur à fort caractère résidentiel.

 



Variété et diveristé

Selon Ian Bentley (1985), la notion de variété dans la ville fait référence à la disponibilité et la diversité des espaces, des types d’activités, et des usages. Bref, il est question de laisser d’offrir des choix aux différents usagers.

Tandis que les secteurs plus périphériques de HafenCity se démarquent par leur vocation fortement résidentielle de même qu’une relative continuité morphologique (lotissements 1 et 2 sur l'image), les secteurs plus centraux tels Sandtorpark/Grasbrook profitent d’un tissu plus serré, plus mixte, et plus perméable, offrant plus d’alternatives aux usagers (lotissments 4 et 6).

 

Les principales places publiques structurantes offrent des configurations flexibles et peuvent être appropriées d’une multitude de façons : des événements, rassemblements et des marchés y ont régulièrement lieu. D'autres intègrent des espaces gazonnées tout aussi appropriables. Cependant, les promenades publiques le long des quais offrent beaucoup moins de possibilités en raison de leur forme et du fait qu’ils sont généralement ponctués d’éléments de mobilier urbain de toutes sortes.

Comme il en a été question précédemment, la Philharmonie de l’Elbe se trouve à l’extrémité du tronçon Sandtorkai/Dalmankai, ce qui en fait un point de repère intéressant. Cependant, une seule voie, à vocation principalement résidentielle, donne accès à cet équipement qui rayonne dans l’ensemble de la région métropolitaine. Ceci étant dit, il serait intéressant de se questionner sur la compatibilité de ces usages et sur la qualification de cette voie.

Finalement, une variété de promoteurs est un élément qui peut grandement améliorer le visage d’un secteur, puisqu’ainsi ils sont contraints de trouver des solutions plus innovantes. Le processus complexe d’attribution des contrats, qui est détaillé sous l’onglet « Mise en œuvre », a su encourager une certaine qualité et une diversité des projets architecturaux, qui s’inscrivent dans les grandes orientations mises de l’avant par la ville.

Concernant les voies, celles-ci sont clairement hiérarchisées par leur déclinaison en cinq différentes hauteurs de promenades par rapport au niveau du fleuve. Notons également l’effort de préservation de quelques éléments qui rappellent le passé portuaire des lieux, et qui sont réintégrés comme œuvres artistiques ou aménagés pour abriter des nouvelles fonctions. La présence d’éléments signaux distincts en bout de parcours favorise le repérage: un exemple étant la Philharmonie de l’Elbe avec son architecture unique, sa taille imposante et sa position à l’extrémité ouest du quartier Sandtorkai / Dalmankai.

Une simple volée de marches donne accès vers la rue
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